grainesdevie

... l'altruisme ne va pas toujours de soi, que souvent, comme une footballer malchanceux qui marque un but contre son camp, nous nous replions sur nous-mêmes, croyant pour notre malheur que le bonheur peut se conquérir en se coupant du reste de l'humanité.

Des gestes peuvent convertir notre monde de vie. 

Pourquoi ne pas instituer de saines habitudes pour briser l'isolement et faire du bien autour de soi ?

Un exemple : se balader dans le répertoire de notre téléphone portable, repérer la personne qui galère le plus en ce moment ou celle qui souffre depuis tant d'années et lui passer un coup de fil, gratuit. 

Nous pouvons nous perdre dans de grands discours sur la générosité, pérorer toute la journée sur la solidarité, mais rien ne vaut de petits engagements réitérés au quotidien.

La rencontre est à mes yeux un acte profondément humain et éminemment spirituel. Elle exige une ascèse toute simple et naturelle : éviter les dangers qui parasitent l'art d'être avec les autres pour se laisser émerveiller et surprendre par son prochain sans l'enfermer dans quoi que ce soit.

Souvent, aller vers autrui, lui dire un : "Je t'aime" ne traduit qu'un besoin tenace d'approbation, une soif de consolation. Il faut une sacrée dose de détachement, de liberté et de joie pour expérimenter les mots bouleversants de Saint François d'Assise : "Ô Maître, que je ne cherche pas tant à être consolé qu'à consoler, à être compris qu'à comprendre, à être aimé qu'à aimer, car c'est en donnant qu'on reçoit, c'est en s'oubliant qu'on trouve, c'est en pardonnant qu'on est pardonné, c'est en mourant qu'on ressuscite à la vie éternelle".

Alexandre JOLLIEN

(la chronique du philosophe/ La Vie 02/14)